X


[ Pobierz całość w formacie PDF ]

comme une troupe de fant�mes muets, qui se prom�ne sans bruit dans les sentiers tortueux d'un cimeti�re.
Cependant la route qu'ils suivaient se r�tr�cissait de moment en moment, et semblait s'enfoncer par degr�s
entre deux remparts de rochers qui devenaient de plus en plus escarp�s. � l'instant o� la lune rouge�tre se leva
au milieu d'un amas froid de nuages qui d�roulaient autour d'elle leurs formes bizarres avec une mobilit�
fantastique, Kennybol s'inclina vers Guldon Stayper:
 Nous allons entrer dans le d�fil� du Pilier-Noir. Silence!
XXXVII 183
Han d'Islande
En effet, on entendait d�j� le bruit du torrent qui suit entre les deux montagnes tous les d�tours du chemin, et
l'on voyait au midi l'�norme pyramide oblongue de granit, qu'on a nomm�e le Pilier-Noir, se dessiner sur le
gris du ciel et sur la neige des montagnes environnantes; tandis que l'horizon de l'ouest, charg� de brouillards,
�tait born� par l'extr�mit� de la for�t du Sparbo et par un long amphith��tre de rochers, �tag�s comme un
escalier de g�ants.
Les r�volt�s, contraints d'allonger leurs colonnes dans ces routes tortueuses �trangl�es entre deux montagnes,
continu�rent leur marche. Ils p�n�tr�rent dans ces gorges profondes sans allumer de torches, sans pousser de
clameurs. Le bruit m�me de leurs pas ne s'entendait point au milieu du fracas assourdissant des cascades et
des rugissements d'un vent violent qui ployait les for�ts druidiques et faisait tournoyer les nu�es autour des
pitons rev�tus de glace et de neige. Perdue dans les sombres profondeurs du d�fil�, la lumi�re souvent voil�e
de la lune, ne descendait pas jusqu'aux fers de leurs piques, et les aigles blancs qui passaient par intervalles
au-dessus de leurs t�tes ne se doutaient pas qu'une aussi grande multitude d'hommes troubl�t en ce moment
leurs solitudes.
Une fois le vieux Guldon Stayper toucha l'�paule de Kennybol de la crosse de sa carabine.
 Capitaine! notre capitaine! je vois quelque chose reluire derri�re cette touffe de houx et de gen�ts.
 Je le vois �galement, r�pondit le chef montagnard; c'est l'eau du torrent qui r�fl�chit les nuages.
Et l'on passa outre.
Une autre fois Guldon arr�ta brusquement son chef par le bras.
 Regarde, lui dit-il, ne sont-ce pas des mousquetons qui brillent l�-haut dans l'ombre de ce rocher?
Kennybol secoua la t�te, puis apr�s un moment d'attention: Rassure-toi, fr�re Guldon. C'est un rayon de la
lune qui tombe sur un pic de glace.
Aucun sujet d'alarme ne se pr�senta plus autour d'eux, et les diverses bandes, paisiblement d�roul�es dans les
sinuosit�s du d�fil�, oubli�rent insensiblement tout ce que la position du lieu pr�sentait de danger.
Apr�s deux heures de marche souvent p�nible, au milieu des troncs d'arbres et des quartiers de granit dont le
chemin �tait obstru�, l'avant-garde entra dans le montueux bouquet de sapins qui termine la gorge du
Pilier-Noir, et au-dessus duquel pendent de hauts rochers noirs et moussus.
Guldon Stayper se rapprocha de Kennybol, affirmant qu'il se f�licitait d'�tre enfin sur le point de sortir de ce
maudit coupe-gorge, et qu'il fallait rendre gr�ce � saint Silvestre de ce que le Pilier-Noir ne leur avait pas �t�
fatal.
Kennybol se mit � rire, jurant qu'il n'avait jamais partag� ces terreurs de vieilles femmes; car pour la plupart
des hommes, quand le p�ril est pass�, il n'a point exist�, et l'on cherche alors � prouver, par l'incr�dulit� que
l'on montre, le courage qu'on n'aurait peut-�tre pas montr�.
En ce moment, deux petites lueurs rondes, pareilles � deux charbons ardents, qui se mouvaient dans
l'�paisseur du taillis, appel�rent son attention.
 Par le salut de mon �me! dit-il � voix basse, en secouant le bras de Guldon, voil�, certes, deux yeux de
braise qui doivent appartenir au plus beau chatpard qui ait jamais miaul� dans un hallier.
XXXVII 184
Han d'Islande
 Tu as raison, r�pondit le vieux Stayper, et s'il ne marchait pas devant nous, je croirais plut�t que ce sont les
yeux maudits du d�mon d'Isl...
 Chut! cria Kennybol.
Puis, saisissant sa carabine:
 En v�rit�, poursuivit-il, il ne sera pas dit qu'une aussi belle pi�ce aura pass� impun�ment sous les yeux de
Kennybol.
Le coup �tait parti avant que Guldon Stayper, qui s'�tait jet� sur le bras de l'imprudent chasseur, e�t pu
l'arr�ter. Ce ne fut pas la plainte aigu� d'un chat sauvage qui r�pondit � la bruyante d�tonation de la
carabine, ce fut un affreux grondement de tigre, suivi d'un �clat de rire humain, plus affreux encore.
On n'entendit pas le retentissement du coup de feu se prolonger, et mourir d'�cho en �cho dans les profondeurs
des montagnes; car � peine la lumi�re de la carabine eut-elle brill� dans la nuit, � peine le bruit fatal de la
poudre eut-il �clat� dans le silence, qu'un millier de voix formidables s'�lev�rent inattendues sur les monts,
dans les gorges, dans les for�ts; qu'un cri de vive le Roi! immense comme un tonnerre, roula sur la t�te des
rebelles, � leurs c�t�s, devant et derri�re eux, et que la lueur meurtri�re d'une mousqueterie terrible, �clatant
de toutes parts, les frappant et les �clairant � la fois, leur fit voir, parmi les rouges tourbillons de fum�e, un
bataillon derri�re chaque rocher, et un soldat derri�re chaque arbre.
XXXVIII
Aux armes! aux armes! capitaines!
Le captif d'Ochali.
Qu'on veuille bien recommencer avec nous la journ�e qui vient de s'�couler, et se transporter � Skongen, o�,
tandis que les insurg�s sortaient de la mine de plomb d'Apsyl-Corh, est entr� le r�giment des arquebusiers,
que nous avons vu en marche au trenti�me chapitre de cette tr�s v�ridique narration.
Apr�s avoir donn� quelques ordres pour le logement des soldats qu'il commandait, le baron Voetha�n, colonel
des arquebusiers, allait franchir le seuil de l'h�tel qui lui �tait destin� pr�s de la porte de la ville, quand il sentit
une main lourde se poser famili�rement sur son �paule. Il se retourna.
C'�tait un homme de petite taille, dont un grand chapeau d'osier, qui couvrait ses traits, ne laissait apercevoir
que la barbe rousse et touffue. Il �tait soigneusement envelopp� des plis d'une esp�ce de manteau de bure
grise, qui, � un reste de capuchon qu'on y voyait pendre, paraissait avoir �t� une robe d'ermite, et ne laissait
apercevoir que ses mains cach�es sous de gros gants.
 Brave homme, demanda brusquement le colonel, que diable me voulez-vous?
 Colonel des arquebusiers de Munckholm, r�pondit l'homme avec une expression bizarre, suis-moi un
instant, j'ai un avis � te donner.
� cette �trange invitation, le baron resta un moment surpris et muet.
 Un avis important, colonel, r�p�ta l'homme aux gros gants.
XXXVIII 185
Han d'Islande
Cette insistance d�termina le baron Voetha�n. Dans le moment de crise o� se trouvait la province, et avec la
mission qu'il remplissait, aucun renseignement n'�tait � d�daigner. Allons, dit-il.
Le petit homme marcha devant lui, et d�s qu'ils furent hors de la ville il s'arr�ta: Colonel, as-tu bonne envie
d'exterminer d'un seul coup tous les r�volt�s?
Le colonel se prit � rire:
 Mais ce ne serait point mal commencer la campagne.
 Eh bien! fais placer d�s aujourd'hui en embuscade tous tes soldats dans les gorges du Pilier-Noir, � deux
milles de cette ville; les bandes y camperont cette nuit. Au premier feu que tu verras briller, fonds sur eux
avec les tiens. La victoire sera ais�e.
 Brave homme, l'avis est bon, et je vous en remercie. Mais comment savez-vous ce que vous me dites?
 Si tu me connaissais, colonel, tu me demanderais plut�t comment il se pourrait faire que je ne le susse
point.
 Qui donc �tes-vous?
L'homme frappa du pied.
 Je ne suis point venu ici pour te dire cela.
 Ne craignez rien. Qui que vous soyez, le service que vous rendez sera votre sauvegarde. Peut-�tre
�tiez-vous du nombre des rebelles?
 J'ai refus� d'en �tre. [ Pobierz całość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • wrobelek.opx.pl
  •